Le plantain: usages et recettes

Voici des recettes de plantain, plante commune et répandue des bords des chemins que tout le monde croise, sans lui accorder attention, mais qui a bien des vertus!

Astringent, expectorant, calme le système digestif, anti-histaminique, reminéralisant, il était utilisé en pharmacopée “sauvage” traditionnelle et il entre dans la composition de sirops contre la toux que vous achetez en pharmacie.

Reconnaître les plantains: le plantain majeur et le plantain lancéolé:
Il existe plusieurs sous-espèces de plantains, mais tous sont comestibles et poussent en touffes.
Vous rencontrerez le plus souvent ceux-ci:

Les plantains poussent en touffes, en rosettes, et ont 5 nervures bien marquées sur l’envers de leurs feuilles, que l’on sent bien en relief au toucher, et qui laissent apparaître des petits fils si on les cueille à la main et qu’on déchire doucement une feuille en 2.

 Du plantain, vous en verrez un peu partout: dans des bords de chemins en forêt, des bords de pâtures, dans les endroits piétinés par l’homme…Il pousse particulièrement bien dans un sol pauvre et rocheux, des allées, et souvent aux côtés de pissenlits.
Et même dans des graviers et des chantiers quand la nature cherche à régénérer le sol.
(Veillez néanmoins à faire votre cueillette dans des endroits préservés de pollutions diverses.)

Le plantain majeur à feuilles larges,(Plantago major), aime être “piétiné” et pousse plutôt sur les chemins. Pour cette raison, ce n’est pas celui que je préfère pour ma cueillette sauvage.

Le plantain lancéolé, à feuilles longues et fines, comme des lances,d’où son nom. (Plantago lanceolata) (de 15 à 50 cm de hauteur selon le sol et l’humidité du lieu.) qui pousse plutôt dans les jachères, les bords de bois.

Y-a-t-il une confusion possible avec une autre plante?
En principe, non..il est facile de reconnaître le plantain.
Néanmoins, une plante moins répandue, la viperine à feuille de plantain peut ressembler au plantain à grosses feuilles quand elle est très jeune.

Donc, allez rechercher des indications botaniques plus précises pour ne pas confondre avec une autre plante, si vous êtes novice.

D’une façon générale, en cas de doute sur une cueillette sauvage;  abstenez-vous et demandez confirmation à quelqu’un qui sait différencier les plantes.
(surtout prudence avec les champignons!)
Mais le plantain, vraiment, c’ est simple à reconnaître…

Quand cueillir du plantain?
De préférence au printemps, mais en fait, tout dépend de ce que vous voulez en faire:

Pour du crû: prenez les jeunes feuilles, de préférence au printemps.
Car au  printemps, disons, en mars-avril, début mai maximum, avec des pluies abondantes, vous récolterez un plantain plus tendre qui aura vite poussé, sans fleurs ni graines encore..idéal pour le manger crû, en faire du pesto

Pour du cuit: vous pouvez récolter vos feuilles durant toute l’année.
Car l’astringence va partir à la cuisson.
Donc, vous pouvez aussi le cueillir à tout moment de l’année si vous trouvez une zone propice ombragée avec du plantain pas trop durci.

Et pour en cueillir les bourgeons floraux encore tendres…c’est quand ils commencent à apparaitre (mai)

Comment le cueillir?
Facilement, à la main, en coupant les jeunes feuilles.
Le plantain lancéolé est plus tendre que le plantain majeur, donc prenez de préférence du plantain lancéolé.
Cueillez de préférence au milieu de la touffe, où les feuilles sont les plus jeunes, fines et souples.
Les feuilles externes de la touffe auront des tiges plus longues et plus dures.

Cà a quel goût, le plantain?
Le plantain est astringent, légèrement amer (moins amer pour les jeunes feuilles), visqueux, mucilagineux (surtout le plantain major à grosses feuilles) avec un léger goût de champignon pour les jeunes feuilles consommées crues, et surtout, pour les jeunes bourgeons floraux, qui ont un goût de cèpes!.
En tisane, çà a un goût de “verdure”, ou d’ ”herbe”.
Donc, ce plantain n’est pas désagréable au goût, avec son léger goût de champignon si on n’a pas cueilli de feuilles trop amères… mais il n’a rien non plus d’extraordinaire gustativement parlant, soyons honnêtes…mais il a de nombreuses vertus!

Le plantain frais en REMÈDE EXPRESS  idéal pour les randonneurs:

 Vous êtes dans la nature et harcelés par les moustiques?, piqûres d’orties? d’abeille, piqûres d’insectes?
Cherchez du plantain autour de vous!

Le plantain est astringent.
Il suffit de l’ écraser en le malaxant bien dans ses doigts, ou de le mâcher, si on est dans la nature, pour en extraire le “jus”.
Faire une pâte avec notre salive et du plantain écrasé, sans avaler le jus qui nous intéresse pour ses propriétés, et l’appliquer sur la piqûre, sans frotter. Ou mieux, le laisser agir en cataplasme directement sur les piqûres ou rougeurs si on peut.
Et si on a ce qu’il faut pour bander, laisser ce cataplasme en place à l’aide d’un petit bandage durant quelque temps. Renouveler si çà sèche.
(ne pas “frotter” une piqûre directement avec une feuille fraîche, car le frottement augmente l’inflammation, mais la froisser ou la macher “avant” l’application)

Une petite blessure sans trousse de secours avec vous?
Le plantain a cette capacité de “tirer” les saletés d’une plaie.
Le plantain accélère la résolution d’une blessure en stimulant la régénération cellulaire.
Mélangé à de la salive, légèrement antiseptique, si vous n’avez rien d’autre de plus efficace sous la main, vous pouvez l’utiliser en remède de 1er secours pour une petite plaie lors d’une randonnée.

Il peut aussi être utilisé pour faciliter l’expulsion d’échardes.
Bien évidemment, ce n’est qu’un 1er soin, vous prendrez à votre retour chez vous des antiseptiques et pansement  plus adaptés à votre blessure.

On peut aussi en faire une  décoction de feuilles, pour en faire une lotion calmante (qui est efficace contre les piqûres d’aoutats) 

En lotion contre des rougeurs:
Avec une infusion de feuilles fraîches de plantain, bien ciselées, pour en faire une lotion de nettoyage de la peau agressée.

 En baume maison contre les démangeaisons:
(J’ai trouvé cette recette sur le net; que  je n’ai pas essayée encore):
Mettre des feuilles fraîches ciselées à macérer dans de l’huile neutre pendant 3 à 4 semaines, dans l’obscurité (flacon opaque) puis filtrer. Mélanger à de la cire d’abeille en proportion de 100 ml de  macérât de plantain pour 12 gr cire d’abeille. La température de fusion de la cire d’abeille se situe entre 62 et 65°C. Il faudra donc monter à cette température pour qu’elle se dissolve, mais pas plus pour ne pas dénaturer les principes actifs. On obtient une consistance de crème, et on y ajoute quelques gouttes d’ huiles essentielles de lavande fine et de palmarosa pour renforcer les effets anti -démangeaisons.

Dans de l’alcool pour soigner les bobos:
(vu sur internet mais jamais essayé personnellement encore)
Une alcoolature, ou teinture, est une macération d’une plante dans de l’alcool pur. Celui-ci étant un bon solvant, il extrait efficacement les principes actifs des plantes. L’alcoolature peut être diluée dans un peu d’eau et utilisée en externe sur la peau.
En cas de piqûre ou d’éraflure, faites tremper une compresse dans un peu d’alcoolature diluée de moitié dans un peu d’eau, appliquez sur la peau et recouvrez d’un sparadrap ou d’une petite bande.

En infusion:
On peut en faire des infusions “fraîches” de plantain seul, ou en mélange d’autres plantes (plantain et thym, par exemple, en cas de coup de froid)
(dosage, 30 g/L c’est-à-dire environ 5 à 6 g de plante fraiche par tasse à thé, dans une eau frémissante mais pas bouillante, et laisser infuser 10 minutes)

On peut préférer en faire des macérations à froid, ou en ne chauffant pas l’eau à plus de 40° C pour ne pas altérer une molécule appelée aucubine que contient le plantain et qui est responsable en partie de ses propriétés anti-inflammatoire et antibactériennes.
Sécher du plantain pour les tisanes me semble un peu délicat à faire chez soi, car les feuilles sont épaisses et peuvent noircir facilement. Je n’ai jamais fait de séchage de feuilles de plantain, mais si vous voulez essayer, ce sont les mêmes consignes que pour tout séchage de plantes: à l’ombre ou l’obscurité (et pas en pleine lumière au soleil) pour en garder les propriétés, et les retourner régulièrement, dans une pièce bien aérée, sur une grille ou un vieux drap.

– pour les problèmes pulmonaires, toux, et atténuer le rhume des foins (pour les personnes allergiques):
Le plantain en tisane est recommandé en cas de toux sèche persistante.
Le plantain n’agit pas comme antitussif, mais comme anti-inflammatoire. Il n’empêche donc pas les poumons d’éliminer leurs déchets par expectoration .
Pour les soucis pulmonaires, on peut en profiter pour faire une inhalation de plantain au dessus de la tisane qui infuse, en respirant la vapeur quelques minutes.
Le goût de cette tisane (goût d’herbe) n’étant pas enthousiasmant, on peut mélanger d’autres plantes plus parfumées, et y ajouter une bonne cuillère de miel (quand la tisane est tiédie, pas trop chaude, pour profiter des bienfaits du miel!)

-pour apaiser le système digestif:
Remède traditionnel pour apaiser le système digestif après des antibiotiques, des anti-inflammatoires ou des antidouleurs, des allergies alimentaires ou une maladie coeliaque.

Pour en avoir sous la main en cas de toux, on peut en faire un sirop ou une gelée:
Sirop de plantain (ou gelée en variante) contre les coups de froid de l’hiver:(recette internet)
Bien laver les feuilles de plantain : 300g
Les ciseler et les plonger dans une casserole avec 1l d’eau froide
Laisser chauffer à feu doux pendant une heure environ (75°)
Faire refroidir, et laisser au repos à macérer pendant 24h ou plus au frais.
Filtrer le liquide en pressant bien les feuilles cuites dans l’eau de cuisson pour en faire sortir le jus.
Remettre à chauffer le liquide au bain-marie avec du sucre (en quantité égale au poids du liquide) jusqu’à obtention d’une consistance aqueuse épaisse pour le sirop.
A l’aide d’un entonnoir, placer le liquide dans 1 bouteille en verre.
Conserver le sirop au réfrigérateur pour une conservation optimale.
On peut aussi lui ajouter un jus de citron pour la conservation.
Si vous voulez de la gelée, utilisez un gélifiant (du sucre avec gélifiant de confiture, et porter jusqu’à courte ébullition)

Vous pouvez rajouter du thym avec les feuilles de plantain dans la préparation de votre sirop pour les coups de froid.

Les graines de plantain comme coupe-faim:
(je n’ai jamais testé personnellement)
Les graines – un type de psyllium – surtout de plantain majeur, peuvent être broyées ou trempées pour obtenir un mucilage, donc des fibres absorbables, qui, consommées avant les repas, peuvent aider à perdre du poids.(1 cuillère-à-soupe de graines pour ¼ l d’eau,  laissez reposer 20 minutes jusqu’à ce que les graines se gonflent d’eau, puis boire.)
On peut aussi récolter les graines de plantain pour les utiliser dans des galettes, en mélange avec de la farine.

Et enfin on peut le cuisiner!
Et là, j’ai déjà fait plusieurs fois des recettes improvisées…plus ou moins concluantes.

RECETTES à base de plantain:
Déjà, il faut faire une belle récolte de plantain dans un endroit protégé de toute pollution, et trier les plus jeunes feuilles pour la consommation en crû.
Les plus dures iront pour la soupe ou autres utilisations en “cuit”

En salade, mangé “crû”:
Les très jeunes feuilles, encore tendres, peuvent être ajoutées à vos salades composées, en les ciselant finement.
Ne mangez pas des feuilles trop dures, qui deviennent amères, ne sélectionnez que les pousses les plus tendres.
Les jeunes boutons floraux, à cueillir tendres avant la formation des graines, ont un petit goût sympa de champignon, de cèpes, et peuvent se manger crûs .

En” légume”:
Pour cette utilisation, je vous conseille de blanchir vos feuilles au préalable avant de les cuisiner.

-Faire blanchir les feuilles quelques minutes à l’eau bouillante salée, les égoutter, puis les cuire à la poêle comme des épinards, avec ail, sel poivre et un peu de crème fraîche.
-Idem, à la poêle après blanchiment,  sans ail, mais en rajoutant du fromage de chèvre, style rocamadour et parsemer de noix.
-Idem après blanchiment, en les faisant braiser avec des oignons caramélisés.
(diverses options, donc…en accompagnement d’ un oeuf mollet ou poché, de  quelques pommes de terre vapeur…à vous d’imaginer et essayer ce qui vous plaira)

En pesto:

Plusieurs recettes aussi :
– Jeunes feuilles de plantain, hachées crûes avec pignons de pins, ou noisettes, ou amandes, ou noix, ou fruits du hêtre, (au choix) ail, huile d’olive, sel et poivre.
– pesto feuilles de plantain, graines de tournesol, ail, huile d’olive, citron, sel.
– avec du pourpier-câpres-cornichons et ortie.
– en ajoutant du chorizo haché (si vous aimez.)
En fait, on peut faire un peu ce qu’on veut, faire son pesto à l’ huile d’olive, ou huile de noix, de noisette ou de colza, si vous aimez !
A utiliser avec des pâtes, ou en tartines.

Voici un exemple: (improvisez selon ce que vous avez!):
En photo, j’avais fait un pesto de plantain et d’orties fraiches, avec une bonne cuillère en plus de spiruline en poudre, (ce qui lui donne une couleur bien vert foncé) avec des noix hachées finement, de l’huile de noix, un peu d’ail, sel et poivre. Sur des petites tartines de pain de campagne légèrement grillées.

Et comme je ne veux pas salir mon robot pour mixer en petite quantité du pesto pour seulement un apéritif ou un plat de pâtes, je le fais en bonne quantité, (et c’est plus facile pour le mixer!) et je congèle mon pesto-maison dans des petits pots de bébé.
Ainsi, c’est tout prêt à être utilisé ultérieurement!

En tapenade de bourgeons:
Si on ne prend que les jeunes bourgeons tendres, crûs, seulement mixés avec une bonne huile, on aura une sorte de tapenade délicieuse goût champignons.

Les bourgeons peuvent aussi se faire en pickles, comme des cornichons.

En tartinade de fromage frais :
En mixant les feuilles, blanchies quelques minutes à l’eau bouillante,  avec un peu d’ail, de sel et de poivre, mélangées dans de la faisselle, du fromage blanc. Laisser reposer un peu et tartinez sur un bon pain de campagne grillé.
Ou avec des pommes vapeur et une bonne salade verte.

Avec les jeunes bourgeons de plantain lancéolé, au goût de champignon, on peut se faire une omelette aux boutons floraux:
Pour une utilisation des boutons en omelette, on les fait blanchir à l’eau bouillante salée durant 2 mn. Bien les égoutter, Puis les faire revenir un peu dans une poêle quelques minutes (huile, ou mélange beurre-huile sans trop chauffer la poele) avant de mettre le mélange oeufs battus-sel-poivre-crème fraîche et poursuivre la cuisson en omelette.

En soupes, en mélange avec d’autres légumes au choix.
Si vous en avez récolté beaucoup au printemps, pourquoi ne pas vous préparer des sacs zippés de jeunes feuilles lavées, essorées, et prêtes à être incorporées à vos soupes, mises au congélateur? (comme on le fait avec du cerfeuil, du persil…)

Et aussi:
– en incorporant du plantain crû finement ciselé dans des cakes salés, des quiches, des gratins, dans des farces (petit goût de champignon)

Bref, si vous en avez, non loin de chez vous, dans un endroit “sain”, au détour d’une balade, n’hésitez pas à vous en cueillir et à le cuisiner, ou vous en faire une tisane.