Le joint russe pour raccorder 2 fils sans faire de nœud.

(. . . et où l’on veut, avec mon astuce-bonus)

Les marins l’appellent une épissure.
Les bricoleurs, (ou ceux qui installent leur hamac dans un arbre), parlent de corde magique. Car c’est le même principe de fixation, avec un brin qui s’auto-serre en étant enfilé dans lui-même.
Et dans le monde du crochet et du tricot, on appelle cela un joint russe.
Alors ici, je vais aussi l’appeler le joint russe. 

C’est une technique pour raccorder deux fils, sans nœud.
Et cela peut être une solution alternative, pour les histoires de “changement de pelote” ou de “changement de couleur”…
Une solution sympa, quand on veut créer des camaïeux, quand on travaille avec des restes de pelotes.

On peut tout-à-fait créer un fil continu, sans nœuds, à partir de fils coupés.
A condition toutefois qu’ils aient une épaisseur suffisante pour cette technique.
Mais presque tous les fils peuvent se lier avec le joint russe.
Toutefois, c’est un peu plus long et plus technique à réaliser qu’un simple nœud. Car il faut tisser à l’aiguille au cœur des brins.

Je devrais d’ailleurs dire les joints russes, car je vais vous donner deux versions.

Les avantages de la méthode du joint russe:

–Supprimer les nœuds.
Les nœuds, c’est une zone de faiblesse dans un ouvrage, car ils peuvent toujours se défaire, ou se déplacer de l’envers vers l’avant du travail.
Et, supprimer les nœuds, en recréant un fil continu, ça évite surtout de devoir rentrer les fils coupés à la fin, ou en cours de travail.
Donc, dans des points ajourés, c’est vraiment très utile, de connaître cette technique.

-Le joint russe, bien fait, est très solide. Tout en étant quasiment invisible.

– Le joint russe peut se faire avec tout type de fils (alors que l’épissure feutrée, une autre technique pour joindre des fils, avec un résultat similaire au joint russe, ne peut se faire qu’avec de la pure laine, qui peut feutrer.)  

Les inconvénients du joint russe:

On raccorde deux brins, mais on ne maîtrise pas l’endroit exact où cette jointure de fils va tomber dans le cours de notre travail.
Donc, si on veut raccorder deux brins de couleurs différentes, on ne maîtrisera pas vraiment l’emplacement final exact de cette transition de couleur.
Donc, çà ne peut pas être utilisé facilement dans toutes les occasions où on veut un changement de couleur à un endroit précis.
(Bien que… on en reparlera quand vous aurez lu mon astuce-bonus en fin de page, qui nuance ce propos)

Disons plus exactement que cette méthode est parfaite pour des dégradés de couleurs, des camaïeux, ou pour créer un fil fantaisie multicolore avec tous vos restes de pelotes de même poids (grosseur de fil). C’est la méthode idéale pour créer des “pelotes magiques” avec tous vos petits restes de fils.
Ou si on veut raccorder deux pelotes de la même gamme, car c’est la méthode parfaite pour éviter d’avoir à rentrer ou tisser des bouts de fils .

– l’endroit de la jonction selon la méthode du joint russe provoque un fil plus épais sur une dizaine de cm ou plus, donc cela fera également quelques points plus volumineux que les autres, une fois crochetés.
Mais on peut atténuer cette légère surépaisseur en donnant un peu plus de tension au fil au moment où on crochètera cette surépaisseur. 

2 méthodes de “joint russe”: 

-le joint russe “simplifié”

Il s’agit simplement de tisser l’un des fils seulement dans l’autre, à l’aiguille, sur une dizaine de cm. 
Avec une aiguille:
Petite remarque: pour avoir un chas d’aiguille suffisant pour passer la laine dedans, on prend souvent une aiguille à laine, à bout rond.
Et on peut utiliser un enfile-aiguille.
Mais si vous avez une aiguille à bout pointu suffisamment grosse, c’est mieux!
(car il est plus facile de tisser avec une aiguille pointue)
On enfile l’un des fils dans une aiguille à laine (ou aiguille pointue suffisamment grosse) .
Et on le tisse sur environ 10 cm dans l’autre brin.
En enfilant bien l’aiguille dans le cœur du fil.
Ou bien , si le fil ne s’y prête pas, en faisant des petits points qui entrent et sortent du cœur du fil dans lequel on tisse l’autre.
Puis on coupe les bouts qui dépassent.
C’est tout. 

Lorsqu’on n’a pas d’aiguille qui convient sous la main, il existe une technique un peu similaire au joint russe simplifié à l’aiguille, et que j’ai expliquée dans une page séparée . Il s’agit de la jointure tressée.

Revenons au joint russe à l’aiguille.
Donc cette méthode ne convient que pour des fils ayant une certaine épaisseur.
Il ne faudra pas tirer sur l’extrémité tissée dans l’autre, car ça pourrait se défaire, avant de crocheter.
Mais, si on crochète ensuite des points avec ce recouvrement des fils, le joint russe, même simplifié, ne se défera plus.

C’est la version simplifiée, avec un seul brin à tisser dans l’autre.

-le joint russe (avec les deux fils tissés, cette fois):

Cette méthode conviendra avec presque tous les types de fils, sauf les très fins.

On  enfile une extrémité de l’un des fils sur une aiguille.

On tisse cette extrémité vers l’ arrière après avoir piqué dans ce fil.  Sur environ 5 à 7 cms . Ou plus, selon la nature du fil.

Pour celà, on insère l’aiguille bien au cœur du fil, et on pousse un peu le fil vers l’arrière, au fur et à mesure qu’on enfile notre aiguille, ce qui le fronce un peu.
Le but est d’entrer un maximum de fil à l’intérieur de lui-même .

On fait éventuellement des petits points qui entrent et sortent un peu des fibres, si le fil n’est pas assez épais pour rester dans le cœur.
Le fil froncé s’amasse en paquet vers l’arrière de l’aiguille.

On retire le fil de travail de l’aiguille, en tenant la boucle de départ.
C’est-à-dire qu’ on tient l’endroit où on a piqué l’aiguille.

On va faire la même chose avec l’autre brin.

On insère l’aiguille au milieu des brins, juste après la rencontre des deux extrémités des fils. Pour créer également une boucle, la plus petite possible. On tisse également le deuxième fil en arrière au travers de lui-même .
En poussant l’aiguille au cœur du deuxième fil, tout en le coulissant vers l’arrière de l’aiguille, pour le froncer et aller le plus loin possible avec notre aiguille. Comme pour le 1er.

Après avoir retiré l’aiguille, on détend l’ensemble en tirant doucement sur les extrémités tout en maintenant la jonction.

 Les deux morceaux de fil sont à présent joints par les  boucles centrales qui les unissent.
Et comme on n’a pas tissé en arrière avec la totalité des brins, on a les deux morceaux résiduels des fils qui dépassent.

Il ne nous reste plus qu’à couper soigneusement les surplus de fils.

Ou faire encore mieux:  avant de détendre complètement les “fronces”, on peut déchirer et effilocher les extrémités des fils. Car ainsi, ces extrémités effilochées se cacheront de façon plus discrète encore que si l’on coupe net aux ciseaux.
Mais ce n’est qu’un détail. Qui a surtout de l’intérêt pour les gros fils épais.

Le résultat, une fois la mise en forme finale effectuée, est un morceau de fil continu. Qui ne semble guère plus épais que le fil d’origine. Seulement à peine un peu plus gros au niveau du joint russe.

 Mieux qu’un nœud.
Et c’est solide.

Mon astuce-bonus: Réussir à placer le joint russe où on le veut.

Vous vous souvenez qu’en début de page, je vous ai dit qu’un des inconvénients du joint russe était qu’on ne peut pas prévoir exactement où va se faire cette jonction ensuite dans notre travail…
Ce qui est tout-à-fait vrai si on prépare avec cette méthode une nouvelle pelote multicolore avec nos restes.

Mais, en fait, si on ne raccorde nos fils avec le joint russe qu’en cours de travail, à la demande, on peut quand même supprimer cet inconvénient avec mon astuce qui suit.
Mais qui vous obligera à démonter quelques points déjà crochetés.

Je vous explique mon “truc” en plus:

-Vous crochetez normalement avec l’ancienne couleur jusqu’à l’endroit où vous voulez que se fasse le changement de fil avec le joint russe.
Jusque là, tout est normal. Vous arrivez seulement à l’endroit exact du futur joint.
-Puis, vous préparez un demi-joint russe, avec le nouveau fil. En insérant l’ancien fil dans la boucle avant de tisser le nouveau fil sur lui-même en arrière.

-Vous pouvez ensuite “coulisser” la boucle avec le nouveau fil, en le déplaçant verticalement sur le futur “ancien fil” (celui qu’on veut abandonner) jusqu’à l’endroit exact où vous voulez avoir la jonction avec le joint russe.
Au ras de votre travail en cours, donc. Jusqu’à bloquer la boucle du demi-joint russe faite avec le nouveau fil contre la base de votre crochet.
Puisque vous avez crocheté jusqu’à l’endroit exact où vous voulez le changement.

Il ne vous reste plus qu’à couper votre ancien fil d’une longueur suffisante pour le tisser ensuite aussi sur lui-même.
Vous enfilez votre aiguille à laine sur l’ancien fil.
Et vous la piquez aussitôt à l’endroit exact de l’ancien fil qui est situé au niveau de la boucle qui a coulissé et est bloquée en bas par votre travail en cours.
Puis, une fois votre aiguille piquée au bon endroit, vous retirez votre crochet du travail en cours.
Pour défaire deux ou trois points, pour vous donner de l’aisance.
Et vous tissez l’ancien fil en arrière sur lui-même comme précédemment, pour faire la seconde partie de votre joint russe avec l’ancien fil.

Vous coupez les extrémités, etc…

Il ne vous restera plus qu’à refaire les quelques points démontés.
Et, petit miracle, (ou plutôt simple logique!), votre joint russe se fera à l’endroit où vous vouliez qu’il soit.

Il suffisait d’y penser!
(je suis une petite futée , n’est-ce-pas?)

En travail courant de crochet, on utilise rarement cette sophistication…Sauf pour des points dentelle ajourés , avec ou sans changement de couleur, d’ailleurs.
Car dans des points dentelle ajourés, cacher un nœud, ou des extrémités de fils sans nœuds si on a réalisé des recouvrements de points, ce n’est pas toujours simple.
Alors, pour ces points dentelle, le joint russe vient à notre secours.
Surtout si on peut le placer à l’endroit où on le désire grâce à mon astuce-bonus! 

En bonus, une autre utilisation , inspirée du joint russe:
Je vous ai fait une page intitulée solutions pour augmenter la grosseur de vos fils, où je vous mentionne la possibilité, entre autres solutions possibles, de vous fabriquer une nouvelle pelote à partir de petits restes de fils, en fabriquant une longue chaînette.
Ce qui peut vous donner des nouvelles pelotes multicolores ou en camaïeu, à partir de fonds de pelotes.

Pour avoir des raccords nets, sans nœuds, si vous utilisez des fonds de pelotes, vous pouvez raccorder vos chainettes en utilisant le même principe que le joint russe: enfiler les brins excédentaires en revenant en arrière.

Vous avez acquis de nouvelles techniques pour fabriquer vos propres pelotes colorées…
mais il n’y a pas que le joint russe, comme technique pour raccorder deux brins de façon discrète.
Allez voir ces autres pages:
–la jointure tressée.
–la jointure feutrée
–le nœud magique