Rentrer un fil tout en crochetant le rang suivant

pour une finition parfaite quand on a des nœuds, ou des changements de couleurs

Vous avez déjà vu sur une de mes pages précédentes de “savoir-faire + crochet ” comment rentrer son fil à la fin d’un ouvrage.
En fin de parcours, on n’a pas le choix, on ne peut pas cacher le fil de fin tout en crochetant dans le rang suivant, puisqu’on a fini…aurait dit Mr de la Palisse.
Donc on doit le rentrer avec une aiguille à laine , ou en revenant en arrière avec son crochet. Point par point. Ce que j’ai expliqué page précédente.
Ce que je vais expliquer ici est donc différent, cela concerne les fils à rentrer pendant qu’on crochète.
Ce qui évite une partie du travail final.

Quand on crochète, surtout avec des laines détricotées, ou du trapilho, il y a des nœuds.
Ou bien, quand on fait des changements de couleur en cours de rang.
Car, si on change de couleur en début d’un rang à plat, on utilisera plutôt une autre technique, qui permettra de transporter le fil le long de la lisière.
Avant de faire ensuite une bordure finale.

En cours de travail, quand on fait des amigurumis, qui seront rembourrés, ou un tapis de sol pour un toutou en double épaisseur, (en tube) ou toute autre chose qui sera doublée à l’intérieur ou à l’envers ensuite, on ne s’embête pas, puisqu’on ne verra pas l’envers:
On laisse des brins de raccord non coupés, on fait des nœuds solides, et on les laisse sur l’envers du travail, avec les bouts qui dépassent.

Au contraire, dans un point ajouré dentelle, il faudra savoir rentrer les fils de façon très pointue et soignée, car il y aura des arceaux (= des trous) et je vais expliquer les techniques spécifiques pour cacher les fils dans un point ajouré dans une page détaillée à part, en lien ici. (lien à ajouter plus tard)
Dans cette page, je vais expliquer comment rentrer les fils des changements de pelotes, ou des changements de couleurs, en cours de travail, dans un ouvrage dans un point non ajouré, lorsqu’on fait quelque chose qui sera vu des 2 côtés, comme, par exemple, une simple manique utilitaire.

Rentrer ses bouts de fils tout en crochetant le rang suivant, c’est plus simple que de devoir les enfiler sur une aiguille pour les rentrer à la fin.
Et  il est assez facile de s’ éviter cette étape fastidieuse sans se donner du travail supplémentaire !

Le principe de base : Rentrer le fil en le plaçant sous les points que l’on va continuer de faire

Pour rentrer un fil en crochetant, on va le cacher et le fixer à l’intérieur des nouvelles mailles, en venant l’ emprisonner dans les points qu’on va faire ensuite.

Pour cela, on pose le morceau de fil à rentrer sur le dessus du rang précédent.
On le “couche” au ras du rang  qu’on va crocheter, un peu vers l’arrière, si cette image vous parle mieux.

Puis, pour faire les mailles du nouveau rang, on pique son crochet normalement dans la maille du rang précédent, et sous le fil à rentrer, qu’on positionne donc au-dessus de son crochet quand on pique.

Ensuite, on crochète sa maille normalement.
Que ce soit une maille serrée, une demi-bride, une bride ou un autre point, peu importe.
On NE ramène PAS  le fil à cacher avec le jeté que l’on doit faire, on place simplement le fil à cacher dans l’intérieur de la nouvelle maille, au ras du rang précédent.

Jusqu’à le faire disparaître. Point suivant après point suivant.
C’est tout!

Voici un exemple avec des mailles serrées, après un anneau magique de départ d’un travail en rond. (j’y reviendrai à la fin de cette page)

Et c’est la même chose avec tous les autres points. Ici avec des brides.
Le fil se cache progressivement dans les points que l’on va faire.

Ici un autre exemple, pour cacher le fil dans un départ d’ovale.
Je démarrais un ovale pour faire un fond de sac en fil ruban (tuto complet en suivant le lien si vous voulez)

A l’occasion du même sac bleu en fil ruban d’où je vous ai extrait cette photos, je vous donne aussi une astuce supplémentaire avec le fil ruban quand on change de pelote: Ce fil se “dépiaute” facilement, et pour ne pas me retrouver avec un petit fil fin comme détricoté du fil ruban effiloché, je passe l’extrémité finale de la pelote que je termine, et la nouvelle extrémité de fil de la nouvelle pelote, légèrement à proximité de la flamme de ma gazinière (ou d’un briquet, mais je ne fume pas) de façon à fondre légèrement le fil aux extrémités, et aussitôt je l’aplatis avec mes doigts (non, çà ne vous brûlera pas les doigts) Ainsi, les extrémités sont comme “soudées”, et se cacheront plus facilement en crochetant par dessus.

Et  après quelques points où on a recouvert l’ancien fil, disons 6 ou 7, on coupe au ras le petit morceau résiduel, basculé vers l’arrière.
Ou bien, on continue simplement à l’englober jusqu’à avoir absorbé complètement le fil à cacher dans le ventre des mailles que l’on est en train de faire.
Voici en images un exemple où j’ai caché un nœud de raccord de deux fils, dans un cercle de brides, qui n’est pas pourtant pas un point très serré, et avec des fils à cacher composés de plusieurs brins, et relativement gros.
C’était du détricotage- recrocheté, avec un fil abimé, qui se dédoublait, et avec de nombreux nœuds.
Donc, j’ai photographié exprès un exemple de nœud difficile à cacher, en théorie.
Pour vous montrer que c’est possible, et même facile, de procéder ainsi pour cacher des raccords, puisqu’on ne fait “rien de plus” que continuer notre travail, simplement en plaquant le/les fils à cacher contre le rang précédent.
La dernière photo est une vue de l’envers, où vous pouvez constater que même à l’envers, on ne voit pas le nœud et le paquet de fils rentrés.
Même avec des brides. Et même avec des fils effilochés à cacher.

C’est donc tout simple, puisqu’on englobe simplement le fil à cacher à la base des futures mailles que l’on va faire, en le plaquant bien au ras des mailles sous lesquelles on va piquer.
Mais çà va ensuite se compliquer un peu, à présent que vous savez la logique de la technique.
Je vous entends déjà me poser la question:
Quand on fait un nœud basique pour raccorder deux pelotes, il y a DEUX morceaux à cacher.
Doit-on mettre les 2 morceaux qui dépassent d’un nœud en même temps, du même côté, pour cette opération-camouflage façon paresseuse, ou pas?

La réponse dépend de la grosseur du fil, et de ce qu’on fait comme travail.
Et s’il y a un changement de couleur ou pas.
Je vais expliquer en détails:

Vous avez vu que la technique est d’ englober le morceau de fil à cacher à la base des futures mailles…donc çà fait très légèrement grossir cette base.
De façon imperceptible avec un fil assez fin.
Mais c’est un peu plus visible avec des fils très épais.
Donc:
Pour certains ouvrages, oui, vous pourrez cacher les 2 morceaux qui dépassent après avoir fait un nœud, ensemble en même temps, en continuant simplement à crocheter normalement en les englobant, si le résultat ne donne pas un rendu trop épais, si cela ne fait pas trop grossir vos nouvelles mailles.
C’est ce que j’ai fait dans l’exemple photographié plus haut.

Mais, pour des fils très épais, vous ferez cette opération de camouflage en cours de travail en 2 étapes.
D’abord, avec un seul des deux brins après le nœud.
Ce que je vais dénommer “rentrer le fil  au 1er étage”.
Et vous ferez la même chose avec le 2ème brin à rentrer quand vous repasserez au même niveau au rang suivant. Au “2ème étage”.
Que ce soit en crochetant en rond, ou en aller-retours, peu importe.
Pour cela, en arrivant à la verticale de votre 2ème brin à camoufler, vous viendrez le prendre avec votre crochet, vous le passerez sur l’arrière de la maille au niveau du nœud, sur l’envers du travail, et vous ferez ensuite la même chose: vous pourrez l’emprisonner aussi, mais simplement à un étage plus haut que son compère déjà camouflé au rang précédent.

Et si vous l’oubliez, vous devrez utiliser la méthode de “rentrer les fils” à la fin, à l’aiguille, ou au crochet. Mais c’est un peu plus long.
Moi, je suis une paresseuse à l’esprit pratique, et j’aime me simplifier la vie, alors je vous ai expliqué mon truc de crochet.

On complique un peu les choses? On parle des changements de couleurs?

Ma méthode de rentrer les fils tout en crochetant  le rang suivant (sur 1 seul étage, ou sur 2 étages, selon la grosseur du fil) çà marche très bien quand on crochète une seule couleur, et qu’on a simplement un nœud de jonction de fil coupé, dans la même couleur.
MAIS, à présent que vous comprenez le principe, voyons une subtilité de plus. 

Quand on fait des changements de couleur, ces deux couleurs, après avoir fait votre nœud, peuvent être très contrastées.
Dans ce cas, quelle que soit la grosseur du fil, et même si c’est du “fin” qui ne ferait pas trop enfler la base des mailles avec la méthode à 1 seul étage (celle où vous planquez les deux morceaux après le nœud en même temps) je vous conseille d’appliquer le principe des 2 étages.
Car, pour un résultat  aussi discret que possible, en cas de changement de couleur de fils après un nœud, en plein milieu de rang, il est préférable de rentrer chacun des  fils juste au-dessus d’un rang de la même couleur, pour qu’il ne se remarque moins à l’intérieur des points que l’on va faire.

Comme çà se complique un peu, je vais expliquer en images, cette subtilité de rentrer le fil en cours de travail, selon la méthode à 2 étages, dans le cas d’un changement de couleur.

Après avoir changé de couleur avec une maille coulée, vous plaquez le fil de l’ancienne couleur au pied de l’arrière des futures mailles à venir.
Donc, vous rentrez en premier , au 1er étage, le fil de la couleur que vous venez d’arrêter, qui est donc celle du rang précédent.

Après 7 ou 8 mailles, on laisse le fil de l’ancienne couleur pendre sur l’envers.

Et vous rentrez au 2ème étage, la nouvelle couleur que vous avez prise en changeant au niveau du nœud. Logique.

Ce que je viens d’expliquer concerne surtout les changements de couleur en plein milieu de rang.
Quand on travaille surtout en spirale, ce qui est le cas dans les amigurumis.

Pour les ouvrages à plat, où on change de couleur de façon la plus fréquente à chaque aller-retour (donc au bout de chaque 2 rangs) , vous aurez des changements de fils toujours du même côté, le long d’une lisière, et il y a une technique spécifique pour les faire courir sur le côté en les emprisonnant aussi. (lien futur à ajouter)

Donc, à présent, vous savez aussi, par analogie, comment cacher le fil de départ d’un travail qui démarre en rond par un anneau magique.
Pourquoi?
Parce que c’est la même chose.
On n’a pas de nœud, cette fois: on a un seul brin à cacher.
Celui qui reste au centre après avoir resserré son anneau magique.
Mais c’est la même technique pour le rentrer dès le 2ème rang.
A partir du 2ème rang, on peut le cacher tout en crochetant, selon le même principe.
On met le fil de queue résiduel de l’anneau magique bien appliqué le long du sommet des mailles déjà crochetées du 1er tour, et on l’enferme dans les mailles suivantes en progressant.
Et on coupe le fil sur l’arrière au ras, quand on sera certain(e) que çà ne se sauvera plus.
Ce qui évitera l’étape de rentrer cette queue de fil à la fin, quand on a un “rond” à faire qui doit être réversible. (une manique, un dessous de plat)
On s’est ainsi débarrassé de la fin du fil du départ, sans avoir de travail supplémentaire, seulement la progression normale.
Et de plus, en bonus de ce camouflage facile du brin résiduel, on a sécurisé totalement notre anneau magique. Sympa, non?
En images, voici ce que je viens d’expliquer:

Par contre, si vous démarrez un bonnet crocheté du haut vers le bas par un anneau magique, et que vous prévoyez ensuite de coudre un pompon au sommet, vous laisserez volontairement un grand fil de queue avant votre anneau magique, et vous ne le rentrerez pas en le cachant dans les rangs suivants, puisqu’il vous servira à la fin pour coudre ce que vous voulez à votre sommet de bonnet.

Encore une autre astuce sur le sujet “rentrer les fils en crochetant”.
Si vous crochetez un cercle en rangs fermés , avec changement de couleur à chaque tour:
Dans ce cas, à la fin de chaque tour, vous avez déjà appris dans une de mes pages précédentes comment faire une finition invisible imitant une fausse maille. Ce qui rendra votre fin de tour invisible, sans la surépaisseur de la maille coulée de jonction de tour.
Mais il y a une autre subtilité à connaître, et que je vous donne ici:
Vous avez fermé votre rang,(soit avec une maille coulée, ou une fausse maille invisible) et coupé le fil. Que vous voulez aussi rentrer tout en crochetant le rang suivant, d’une autre couleur.
Comme vous crochetez en “rangs fermés”, et pas en spirale, il n’y a pas de raison particulière pour que vous démarriez avec une nouvelle couleur à l’endroit du dernier point du rang de l’ancienne couleur.
Donc, démarrez de préférence ailleurs, avec la nouvelle couleur. Attachez votre nouveau fil par une maille coulée  même plutôt vers l’opposé de l’ancienne couleur du dernier rang.

Pourquoi?
Parce qu’en faisant ainsi, vous allez cacher la queue de fil de l’ancienne couleur de façon plus invisible que si vous aviez superposé les deux “changements de couleur” l’un au dessus de l’autre.
Même avec la méthode à 2 étages, que j’ai détaillée plus haut.
Pourquoi?
Parce que rentrer un fil en l’englobant en cours de travail, çà fait légèrement grossir la base du rang, comme vous avez vu.
Donc, si on recommence avec la nouvelle couleur à l’endroit de fin du rang de l’ancienne couleur, on va rentrer nos fils, certes sur 2 étages, mais superposés. Ce qui pourrait augmenter un peu le niveau et qui pourrait aussi se remarquer un peu.
Donc, si vous voulez un résultat parfait, voyagez un peu ailleurs au changement de couleur.
Car ainsi, vous rentrerez tout naturellement le fil de la couleur du rang précédent, appliqué contre lui-même, dans sa propre couleur, avant de revenir fermer votre rang avec la nouvelle couleur jusqu’à son point de départ.
Puis, au rang suivant, si vous changez encore de couleur à chaque nouveau tour, donc que vous coupez aussi cette 2ème couleur après un point de jonction, vous repartirez aussi de préférence d’un autre endroit, avec une 3ème couleur, de façon à recouvrir aussi le fil de la couleur 2 précédente, mais sans aucun chevauchement. Etc. Etc.
Cette astuce ne sert que pour les cercles en rangs fermés avec changements de couleurs entre deux rangs. Par exemple, c’est le cas des mandalas.
Mais savoir ces astuces de finition, c’est ce qui fera la différence d’aspect final de votre mandala.
Retenez: changement de couleur dans un cercle en rangs fermés = je démarre le nouveau rang à l’opposé du précédent. Et on applique aussi évidemment la technique de cette page: rentrer les fils en crochetant. 

Dans tous les cas:
Au bout de 6 ou 7 points avec l’ancien fil rentré dans le cœur des mailles du nouveau rang, on peut basculer vers l’arrière le fil résiduel, et le couper.
Il n’y a que pour des fils très glissants, fluides, satinés, qu’il faut assurer la sécurité en faisant quelques points de plus.
Ou rentrer le fil à l’aiguille dans le sens inverse pour vraiment sécuriser.
Mais, en général, un simple recouvrement de 6 ou 7 points suffit.

Un dernier détail pour les perfectionnistes: 
Si vous faites un modèle réversible, et que vous ne voulez pas que l’endroit où vous avez coupé votre fil soit visible, il suffit de tirer un peu sur le travail pour le détendre entre vos mains, et cela va finir de cacher le bout coupé dans le corps des mailles.

Cette page était longue, car j’ai vraiment tout détaillé sur le sujet.
Mais ce n’est pas encore fini.
Car il me reste encore 3 astuces supplémentaires à vous apprendre pour “éviter” d’avoir des bouts de fils à rentrer.

2 nœuds un peu techniques:
-le “nœud magique”, ou nœud de pécheur, qui permet de couper les 2 morceaux à ras du nœud, aussitôt après avoir noué d’une façon sécurisée.

-le “joint russe”, qui est une autre technique où on rentre les fils l’un dans l’autre à l’aiguille. Et qui forme une transition douce en cas de changement de couleur, et pas de fil à rentrer non plus.

-et pour finir, une technique de raccordement spécifique au trapilho, quand on fait soi-même son trapilho dans des vieux tee-shirts.
Cette technique permet de raccorder 2 bandes de trapilho sans faire de nœud, en utilisant une technique de petites fentes. (Suivez le lien pour apprendre cette astuce)

Si vous voulez retrouver l’ensemble de mes pages techniques, c’est sur la page “le crochet pas à pas“, qui est la liste récapitulative de tous mes articles de “savoir-faire crochet” déjà publiés.
Bon crochet!